Entendez la pauvre aventure La bourlingue d’un brave moussaillon Yann Beudjep dit « traîne-allure » Gabier du mât d’artimon Ce fut un grand soir de bombance Qu’il fut enrôlé ivre mort Au caboulot de Recouvrance Par un maîtr’ d’équipage du bord. D’une goélette américaine Amarrée le long du quai nord Déchargeant des ballots de laine Avant de faire route vers Baltimore Vire au cabestan depuis tant et tant Deux mois que t’attends de toucher la terre Y’a plus pour longtemps d’ce foutu sale temps J’espère qu’en rentrant on boira du vin et d’la bière Le lend’main départ du voyage Apposté chez les tribordais Paré ! répond l’appareillage Ou ta chique a souqué l’palais, Quand debout dehors pendant tout un mois Trois jours à la cale, on te donne quelques plats Des biscuit, du vin, un portion d’tafia Du canfre le matin dans les trous d’noroit Oiseau du diable c’est l’nom de matelot Car dans l’mauvais temps il voltige au plus haut Huit jours de folie à l’escale de Rio Deux mois à souffrir pour revoir St-Malo Vire au cabestan depuis tant et tant Deux mois que t’attends de toucher la terre Y’a plus pour longtemps d’ce foutu sale temps J’espère qu’en rentrant on boira du vin et d’la bière Yann a navigué pendant plus d’quarant’ ans Connu tous les ports de la terre Bourlingué aux quatr’ coins de l’océan De Liverpool à Santander Carguer les riées et se pendre aux filins C’est là la misère à pleurer du marin P’têt qu’un jour enfin tu r’trouv’ras ton pays Débarqu’ras ton sac pour y refaire ta vie Vire au Cabestan depuis tant et tant Deux mois que t’attends de toucher la terre Y’a plus pour longtemps d’ce foutu sale temps J’espère qu’en rentrant on boira du vin et d’la bière